Étude de l’ALPA sur le téléchargement illégal des films
Dans l’attente du second volet de l’étude de l’ALPA sur le téléchargement illégal des œuvres cinématographiques francophones, CoPeerRight Agency revient sur la première étude de l’ALPA publiée l’été 2008.
L’Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle a communiqué le 5 août 2008 une étude comptabilisant les films les plus téléchargés sur certains réseaux P2P entre octobre 2007 et juin 2008. Pour les dix films américains et les dix films français arrivés en tête du classement, l’enquête précise le cumul de téléchargements, la date de sortie en salle, la date de sortie en DVD (le cas échéant) et la date de la première détection sur les réseaux P2P. Les résultats de cette étude, qui furent relayés dans le monde entier, ont permis d’alerter l’opinion publique sur l’ampleur de la contrefaçon des œuvres cinématographiques sur les réseaux : l’ALPA a comptabilisé une moyenne de 450 000 téléchargements de films francophones par jour !
Parce que ce blog est avant tout un Observatoire de la Contrefaçon Numérique, il était important pour CoPeerRight Agency d’apporter une analyse objective et complète sur cette étude menée par l’ALPA. Aussi, dans un souci de totale transparence, CoPeerRight Agency a souhaité mettre en lumière certains éléments qui restent jusqu’à ce jour sans réponse.
LES CRITÈRES RETENUS
Depuis bientôt six ans, CoPeerRight Agency réalise des études quantitatives et qualitatives sur les réseaux P2P et possède deux brevets portant tout particulièrement sur ces réseaux. Aussi, c’est en tant qu’experts dans la lutte contre la contrefaçon numérique que nous souhaitons revenir sur les critères qui ont permis d’élaborer l’étude de l’ALPA.
En effet, pour CoPeerRight Agency, le choix de ces paramètres a malheureusement restreint le champ d’investigation de l’étude, laquelle s’est en toute logique révélée non exhaustive, et non représentative des activités réelles de téléchargement illégal des films francophones sur les réseaux.
Il faut savoir que la contrefaçon numérique est présente sur de nombreux réseaux : P2P, sites de streaming, sites de Direct Download (DDL), newsgroups… Aussi, CoPeerRight Agency a constaté depuis plus d’un an, une migration de la contrefaçon numérique via le P2P vers les sites de DDL et de streaming, qui connaissent un succès fulgurant. De plus, nous savons que les réseaux P2P fermés (c’est-à-dire les sites et trackers accessibles avec un login et un mot de passe) génèrent à eux seuls quasiment autant d’activité contrefaisante que les réseaux P2P ouverts. Or, le périmètre d’investigation de l’étude de l’ALPA ne porte que sur certains réseaux P2P ouverts. CoPeerRight Agency estime ainsi que les résultats obtenus par l’ALPA, à savoir 450 000 téléchargements par jour (dans la mesure où ce nombre s’avère réel pour les téléchargements illégaux sur les réseaux P2P ouverts), pourraient alors facilement être multipliés par deux ou trois, si ce n’est plus…
LES MODALITÉS DE RÉALISATION
CoPeerRight Agency s’interroge également sur la méthode qui a permis d’élaborer cette étude. Par quel technique, technologie ou procédé cette enquête a-t-elle été menée ? Pour s’assurer de l’exactitude et de la fiabilité des chiffres donnés, des précisions sur les outils et moyens déployés pour sonder les réseaux auraient été nécessaires. En effet, la description de la méthodologie suivie se révèle indispensable pour toute enquête de cette nature, telles celles menées par de grands cabinets et instituts d’étude comme le GFK ou l’INSEE.
CoPeerRight Agency souhaite également revenir sur les données présentes dans le tableau descriptif de l’ALPA. Certaines informations manquantes auraient permis de mieux analyser les activités contrefaisantes des films francophones sur les réseaux. Par exemple, le nombre de fichiers contrefaits par œuvre auditée n’est pas mentionné et une incertitude plane au dessus de l’enquête : le nombre estimé de téléchargement illégal par œuvre contrefaite inclut-il les téléchargements partiels ou uniquement complets ?
Par ailleurs, CoPeerRight Agency observe depuis bientôt six ans que de nombreux fichiers contrefaits francophones sont acquis également de manière illicite depuis l’étranger. Face à ce constat, l’étude reste pourtant silencieuse quant à la part des téléchargements effectués depuis la France, depuis les pays francophones (Québec, Belgique, Suisse, Algérie, Maroc, Tunisie…) et les pays non-francophones par des internautes francophones.
L’ultime élément qui n’a pas manqué d’interpeller CoPeerRight Agency est la référence aux sollicitations des téléchargements estimés par l’ALPA. En effet, l’association constate que « les serveurs de Peer-to-Peer sont régulièrement saturés, et ne peuvent répondre qu’à moins de 40% des sollicitations ». Mais nous pouvons nous poser la question de l’interprétation exacte du terme « sollicitations ». S’agit-il des recherches par mots-clés ou des demandes de téléchargements ?
Au final, il ressort de cette étude un défaut d’informations exhaustives pour se rendre compte réellement de l’ampleur de la contrefaçon numérique des œuvres audiovisuelles francophones sur les réseaux mais également pour garantir la fiabilité et l’exactitude des données communiquées.
LES RÉSULTATS OBTENUS
Les chiffres avancés par l’ALPA présentent selon CoPeerRight Agency, des incohérences voire des erreurs d’appréciation qui peuvent également mettre en doute la justesse de l’étude. Tout d’abord, quelques dates de détection semblent incorrectes : certains fichiers contrefaits auraient été repérés trop tôt et d’autres trop tardivement, ce qui pose la question de la fiabilité des outils employés.
Concernant les détections précoces, l’ALPA a identifié les premiers fichiers contrefaits de certains films à une date bien antérieure à celle vérifiable sur les réseaux P2P. Il semble que cette étude ait comptabilisé des fichiers avant leur date réelle d’arrivée sur les réseaux. Cela signifie-t-il que certains fichiers non contrefaits ont pu être comptabilisés ? Par exemple, cette étude aurait-elle pu prendre en compte des fichiers leurres, des fichiers renommés, etc ?
A l’inverse, l’ALPA a détecté les premiers fichiers contrefaits pour certains films présents dans le tableau trop tardivement. Ces détections tardives signifient-elles que certains fichiers contrefaits ont pu échapper à cette enquête ? Par ailleurs, partant de ce constat, les cumuls de téléchargements de fichiers contrefaits enregistrés pour ces films sont-ils fiables ?
Ainsi, il serait souhaitable que pour les études à venir, les hashs cryptographiques de chacun des fichiers contrefaits soient précisés afin de s’assurer qu’aucun fichier non contrefait ne puisse être comptabilisé par erreur. Par ailleurs, mentionner les hashs cryptographiques permettrait à tout un chacun de pouvoir vérifier les données avancées par ce type d’étude puisque ces informations sont facilement accessibles et consultables sur les sites de référence tels The Pirate Bay, SnowTiger…
*
L’objectif de ce billet est d’apporter un regard neutre et expert sur l’étude publiée par l’Alpa l’été dernier. Ce blog reste un Observatoire de la Contrefaçon Numérique, c’est pourquoi CoPeerRight Agency se devait d’analyser objectivement cette étude et de soulever les éléments suscitant des interrogations et des incertitudes pouvant remettre en question sa fiabilité. D’ailleurs quelques journalistes avaient relayé cette information avec un certain recul mais à l’approche, probablement, de la publication du second volet de l’étude de l’ALPA, il nous paraissait important de revenir sur la première étude. Aussi, pour conclure sur cette analyse, nous souhaitons insister sur le fait que le chiffre annoncé par l’ALPA, à savoir 450 000 téléchargements illégaux en moyenne de films francophones par jour, n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans la mesure où cette moyenne serait effectivement exacte pour les réseaux P2P (ouverts), il n’en demeure pas moins que l’essentiel de la contrefaçon numérique se situe désormais sur les sites de streaming et de Direct Download (trop souvent hébergés à l’étranger), les réseaux P2P fermés, les newsgroups… D’ailleurs, CoPeerRight Agency rappelle que le projet de loi « Création et Internet » ne viserait a priori à concentrer les recherches de téléchargement illégal que sur les réseaux P2P, périmètre d’investigation qui incitera par conséquent les internautes contrefacteurs à abandonner leur logiciel P2P pour migrer vers les sites de DDL et de streaming entre autres, où leur anonymat est garanti. A ce sujet, ne serait-il pas opportun de porter une attention particulière et de mener des actions concrètes sur ces autres moyens de contrefaçon numérique qui connaissent de plus en plus de succès auprès des internautes contrefacteurs ?
pfffff vous etez trop nul
Dis moi ‘troudu…’ ??
Vu ton pseudo et ton niveau d’orthographe… tu travailles pour l’ALPA ;))
Allez enlève ton masque on t’a reconnu… troudu…!
Rébecca
Bonjour, indépendants dans le domaine audiovisuelle, je m’interroge sur l’aspect « légal » concernant la location de DVD!!! ainsi que l’aspect du téléchargement illégal. En effet les fichiers vidéos sont facile à obtenir, cela dit la qualité est généralement incomparable au DVD originaux (Mpeg2) ou actuellement Blue-ray.
Tandis que la location de DVD met à disposition des oeuvres original et ce domaine est aussi très en vogue sur le web!!! Qu’en pensez vous? Ou se situe le non-sens?
Interview de Bakchich Info à regarder pour mieux comprendre le pourquoi du comment.
http://www.bakchich.info/Hadopi-Guerre-interne-entre,07872.html
Aussi non, rien à dire si ce n’est qu’il faut avoir des couilles pour balancer ce genre d’information, comment se fait il que personne n’est repris ces remarques plus que pertinentes ?
En tout cas en France, c’est bien ceux qu’on entend le moins qui s’en mette le plus dans les fouilles !
Enjoy!