L’impact de la contrefaçon numérique sur le cinéma
Le cinéma garde la tête hors de l’eau…
L’avènement de la contrefaçon numérique s’est propagé à vitesse grand V chez les internautes ces dernières années. Ce phénomène constitue sans nul doute un manque à gagner considérable pour l’industrie culturelle. Mais qu’en est-il du cinéma en France ? Connaît-il les répercussions néfastes de la contrefaçon numérique ? Le grand écran séduit-il toujours les français ?
LE CINÉMA, UN COCKTAIL DÉTONANT ET RÉSISTANT
Le 7ème art se révèle être un adversaire de taille face à l’offre alléchante de la contrefaçon numérique. Même avec des téléchargements illégaux atteignant des chiffres pharamineux, l’offre illégale semble ne pas parasiter le succès des films dans les salles obscures. Bien au contraire, le cinéma continue d’attirer les foules. On pourrait être tenté de penser que plus il y a de téléchargements illégaux des œuvres et moins il y a d’entrées en salles, mais ce raisonnement peut-il tout expliquer ? Certains internautes téléchargent des fichiers contrefaits qu’ils n’auraient, de toute façon, pas été voir au grand écran. Et parfois, un fichier contrefait de mauvaise qualité sur les réseaux (par exemple, les Cam Record) peut au contraire inciter les gens à aller au cinéma afin de voir le film avec une qualité irréprochable. Les chiffres publiés chaque année tendent d’ailleurs à démontrer le succès continuel du grand écran en France.
Le cinéma en chiffre
sources de la Fédération Nationale des Cinémas français et du Centre National de la Cinématographie
A travers ce graphique, on peut observer que depuis les années 2000, la fréquentation des cinémas est assez stable, malgré une courbe quelque peu en dents de scie. Sur les dix dernières années, la fréquentation moyenne des salles françaises affiche un score de 177,26 millions. L’année 2008 se porte relativement bien : le 1er semestre affiche une hausse de 6,7% par rapport au 1er semestre 2007 et sur les dix 1ers mois, l’année 2008 comptabilise une augmentation de 3,6% par rapport à la même période l’année précédente, totalisant ainsi 152.67 millions de spectateurs. Pour accéder à la moyenne de la fréquentation des cinémas des dix dernières années, le mois de novembre et de décembre 2008 doivent ainsi réunir 25 000 spectateurs, chiffre qui a priori, ne devrait pas être difficile à atteindre.
En 2007, la fréquentation des salles obscures a connu une baisse par rapport à l’année 2006, mais toutefois supérieure à la moyenne des dix dernières années (177.62 millions de spectateurs en 2007). Qu’en est-il des autres pays européens cette même année ? En 2007, certains pays voisins de la France ont bénéficié d’une hausse de leurs entrées au box office, à l’image de l’Italie et de l’Angleterre avec une augmentation de respectivement de 13,1% et 3,7%. Comment expliquer ces variations entre pays ? De toute évidence, la fréquentation des salles obscures évolue avec plusieurs facteurs différents et la contrefaçon numérique ne peut être tenue pour seule coupable. D’autres critères peuvent rentrer en ligne de compte :
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le calendrier chargé des sorties salle: il arrive que plusieurs films destinés à la même cible (exemple : les films pour enfants), sortent le même mercredi ;
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Le contexte existant lors de la sortie salle : par exemple, les coupes du monde ou autre évènement très populaire ;
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la part de la consommation des autres loisirs : matériel informatique et audiovisuel, voyages, spectacles… ;
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le pouvoir d’achat ;
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la qualité de l’offre cinématographique.
Le secret de la réussite
Le cinéma présente des atouts que la contrefaçon numérique ne parviendra sans doute jamais à concurrencer. Le caractère social du 7ème art est à l’évidence un critère important pour les spectateurs : le cinéma est considéré comme une sortie, il permet de faire des rencontres, de sortir du cadre quotidien et de partager des passions communes, le tout dans une ambiance familiale, amicale et chaleureuse. Les grands établissements proposent même des animations diverses (jeux vidéo, billard, babyfoot…) et des kiosques de restauration. Le cinéma, c’est donc plus qu’un film sur grand écran, c’est un véritable lieu de loisir qui tend à se diversifier afin de divertir toujours plus la société. En d’autres termes, le cinéma, c’est la culture cinématographique « vivante » . Le concept du cinéma 3D a explosé aux Etats-Unis et il émerge doucement dans certaines salles obscures en France (par exemple à La Géode). Garantissant un effet sensationnel pour les spectateurs, le cinéma 3D se révèle comme un nouveau créneau porteur pour l’industrie cinématographique américaine et comme toujours, le souffle de l’Ouest se répandra bien vite dans nos contrées européennes.
Une chose est sûre, la qualité du son et de l’image et le grand écran qui nous plonge littéralement dans l’univers du film sont des caractéristiques particulières du cinéma qui contribuent à garantir son succès auprès de la population, internautes y compris. A moins que la contrefaçon numérique ne se répande dans les salles de cinéma en proposant de regarder sur grand écran des films contrefaits, ce qui est totalement improbable, le 7ème art continuera d’être fréquenté avec autant de succès. Toutefois, on peut évoquer un petit bémol dans le portait reluisant du cinéma. Certes, il continue d’avoir du succès auprès des spectateurs mais il peut néanmoins connaître plus ou moins les répercussions néfastes de la contrefaçon numérique quand on regarde de près le circuit de financement du grand écran.
UN SYSTÈME DE FINANCEMENT BIEN ORGANISÉ
L’impact de la contrefaçon numérique sur le cinéma
Dans une certaine mesure, le cinéma subit les répercussions de la contrefaçon numérique. En effet, le financement du cinéma résulte d’un circuit d’investissements assez complexe auquel les ventes de DVD contribuent. En d’autres termes, un distributeur investit à la base une certaine somme pour l’exploitation en salles et vidéo d’un film. Puis, il récupère entre 20 à 30% des recettes comptabilisées entre le cinéma et la vidéo afin de rentabiliser son investissement de départ. Avec ces bénéfices, il pourra alors réinvestir dans une autre production cinématographique, et ainsi de suite… On peut donc envisager logiquement que si les recettes de la vente de DVD baissent, le distributeur récupèrera moins de bénéfices et consacrera en conséquence un budget moins important pour un autre film au cinéma.
Des acteurs variés de financement des productions
Le budget cinématographique peut compter sur divers acteurs comme sources de financement. En effet, il y a également les Sofica (Sociétés de Financement de l’Industrie Cinématographique et de l’Audiovisuel) qui financent environ 5,5% du film d’après le CNC. De plus, les chaînes de télévision en France ont l’obligation d’investir une part de leur chiffre d’affaires dans les films français et européens : le financement varie entre 2,5% (chaînes publiques) et 20% (pour Canal+) de leur chiffre d’affaires. Par exemple, TF1 a l’obligation d’investir 16% de son chiffre d’affaires dans des fictions, documentaires ou dessins animés, ce qui a représenté en 2007, 392 millions d’euros. De son côté, France Télévision finance environ 60 productions cinématographiques françaises sur 120, soit 50 millions d’euros par an et 800 000 € par film. Les productions cinématographiques peuvent également compter sur des aides et des subventions allouées par les régions. Ainsi, en 2005, la région Ile de France a financé 14 millions d’euros pour le cinéma tandis que les régions Midi-Pyrénées et le Gers ont offert 100 000 € pour le film « le bonheur est dans le pré » de Chatiliez en 1995. Par ailleurs, il existe également un crédit d’impôt créé en 2004 qui représente 8% du budget d’un film, sachant que le budget moyen d’une œuvre cinématographique est de 5 millions d’euros, cela représente alors la somme non négligeable de 400 000 €.
Des recettes diversifiées
Par ailleurs, le cinéma peut également profiter de bénéfices annexes aux ventes de places en salle. En effet, en plus des supports physiques (DVD) et numériques (VOD), le cinéma peut également compléter le panorama de ses recettes avec les produits dérivés (merchandising) tels que les jouets, les disques de la bande originale du film, les posters, les vêtements, les livres, les accessoires en tout genre… De plus, les campagnes conjointes ou « tie-in » en anglais, se développent de plus en plus (lorsqu’une marque s’associe au film pour bénéficier de son image, placement de produits). En effet, c’est un système marketing très exploité puisqu’il bénéficie aux deux parties, le film et la marque. On peut citer l’exemple très représentatif du film « Sex and the city » de Michael Patrick King ou le chiffre record de 163 marques sont visibles dans le film, pour des recettes issues de ces placements qui avoisineraient 23 millions de dollars d’après Le Figaro. Dans le journal Le monde, un patron d’une agence spécialisée dans le placement de produits au cinéma affirme qu’une marque est prête à payer jusqu’à 200 000 € pour être visible dans le film. Ainsi, le contrat du journal ParuVendu a atteint 100 000 € dans le film « Disco ». L’intérêt des marques dans cette stratégie est parfois considérable. Par exemple, dans le film « Camping », la marque Pernod Ricard s’est incrusté dans le camping des Flots Bleus et a vu en retour ses ventes décoller de 30 %.
Par ailleurs, de plus en plus d’œuvres cinématographiques sont adaptées en jeux vidéo (Harry Potter, James Bond…). En effet, c’est un marché très porteur : il y a plus de jeux vidéos achetés que de places de cinéma payées. Surfant sur cette vague prospère, certaines sociétés de jeux vidéos se lancent même dans le cinéma d’animation, à l’image de Ubisoft, un éditeur de jeux vidéos français qui a acquis cet été 2008, la société montréalaise spécialiste des effets spéciaux Hybride. Cette fusion montre clairement l’objectif de la société française : créer un studio 3D pour concurrencer les grosses sociétés d’animation telles que Dreamworks ou Disney Pixar.
Le financement et le retour sur investissement du cinéma est donc suffisamment varié pour ne pas dépendre que d’un seul vecteur. La baisse de la vente de DVD est certes une source de financement pour le cinéma qui s’amoindrie, mais les autres acteurs du financement permettent de compenser d’un autre côté ces pertes. En effet, il est très probable que face à la baisse des ventes de DVD, les productions cinématographiques optimisent alors les autres facteurs de rentabilité comme les partenariats, les produits dérivés, voire la VOD qui tend à se développer.
Le système de financement à l’étranger
Il est intéressant également de prendre connaissance des autres modèles économiques des films existants dans le monde. Par exemple, aux Etats-Unis, ce sont principalement les grandes Majors qui financent un film tandis qu’en Allemagne, les subventions représentent environ 80% du budget d’une production cinématographique.
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En tout état de cause la culture cinématographique dite « vivante » semble largement jouer en faveur du cinéma. La contrefaçon numérique ne peut concurrencer cet atout indéniable et c’est pourquoi, entre autres, le cinéma tend à rester un rival de taille face au téléchargement illégal. Le DVD en revanche semble moins armé pour se défendre. Quel est le bilan aujourd’hui du marché du DVD en France ? Des solutions alternatives ont-elles été mises en œuvre ? Réponse dans un prochain post !
Personnellement je vais de moins en moins au cinéma pour une seule et unique raison. Son coup: 8.90 euros la place.
Cela représente 0.7% de mon salaire… pas beaucoup vous me diriez?
Mais quand on sait que la part pour le loisir est déscendu à 1% afin de pouvoir payer les charges divers, l’essence, le pain qui augmente tout le temps…
Je suis donc passé à 1 scéance de cinéma par mois à 1 scéance par trimestre.
CQFD